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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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Parmi les travaux des ateliers bruxellois méritant une mention particulière, il convient de signaler la tenture commandée par l'Angleterre à François Spierinck, pour perpétuer le souvenir de la destruction de l'invincible Armada, en 1588. Quelles que fussent les facilités que le prince de Parme, Alexandre Farnèse, accordait habituellement aux marchands d'Anvers pour l'exportation des produits de l'industrie nationale, même au moment le plus aigu de la lutte avec l'Angleterre, on a peine à comprendre qu'un sujet de Philippe 1 f ait osé se charger de traduire en laine le triomphe éclatant de son implacable ennemie.
D'après van Mander, François Spierinck aurait reçu la commande de l'amiral victorieux, lord Howard. Le peintre hollandais Henri-Cornelis de Vroom, cli arge de l'exécution des cartons, alla en Angleterre soumettre ses modèles à l'approbation de l'amiral. Longtemps la série de dix pièces, retraçant les principaux épisodes de la lutte entre les deux flottes, décora la chambre cles lords. Les tapisseries ont péri dans l'incendie de 1834; mais les gravures de John Pine ont conservé le détail des compositions de Cornelis de Vroom. Elles représentent toutes les phases de la lutte, depuis l'entrée de la flotte espagnole dans le canal de la Manche jusqu'à sa déroute complète et sa fuite précipitée.
Peut-être Spierinck dut-il aller, avec nombre de ses compatriotes, demander un asile provisoire aux Provinces - Unies. Cette hypothèse expliquerait comment il put se charger sans danger de l'exécution des tapisseries commandées pour l'Angleterre.
J_.es protestants des Pays-Bas espagnols, qui .avaient reçu l'hospitalité dans les États du prince d'Orange, reconnurent souvent le hon accueil de leurs hôtes en célébrant leurs succès sur des oppresseurs abhorrés. Ainsi un tapissier retiré à Delft exécuta, pour l'hôtel de ville de Leyde, une pièce représentant la délivrance de la ville en 1574; cette pièce existe encore.
Jean de Maegd tisse, à Middelbourg, en 1598, des tapisseries où étaient figurées les défaites infligées aux Espagnols par les Zélandâis. Elles ont été exposées à Paris en 1867.
Les tapissiers qui avaient pu continuer tranquillement leurs travaux sans quitter leur patrie, trouvèrent souvent des débouchés dans'l'habitude d'offrir aux nouveaux.gouverneurs ou aux grands personnages des échantillons de l'industrie locale. On a déjà cité plusieurs exemples de cette coutume. En voici d'autres de la lin
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